dimanche 18 décembre 2011

Quel dieu

Pour en finir avec dieu
Par Neutrinos
Non, il ne s’agit pas du livre de Richard Dawkins sur le principe que les religions appellent de ce nom, mais simplement un rappel de ce que le mot lui-même signifie et ce à quoi il renvoie.
Le mot dieu est un nom commun venu en droite ligne de l’univers mythologique de l’antiquité. Il dérive du dyaus sanscrit, du theos grec et du deus latin. Il qualifie les idoles les plus célèbres dont Zeus-Jupiter est le souverain incontestable. Ce mot n’aurait jamais du servir à nommer une abstraction métaphysique suprême à l’origine de l’univers. Il en est une caricature pitoyable et sacrilège, et cela que l’on y croit ou non.
Pour aider à comprendre, voici un extrait du Cratyle de Platon sur ce thème



De la rectitude des mots

Socrate : N’est-il pas juste, alors, de commencer par les Dieux, en considérant comment ils ont pu être appelés de ce nom de « dieux », théoï ?
Hermogène : Hé ! naturellement.
Socrate : Eh bien ! voici en gros ce que, quant à moi, je suppose. A mes yeux, les hommes qui les premiers, ont vécu en Hellade n’ont connu d’autres dieux que ceux-là mêmes qui, maintenant, sont ceux des Barbares : Soleil, Lune, Terre, Astres, Ciel. Aussi, du fait qu’ils les voyaient tous s’élancer dans une course sans fin, théonta, ils sont partis de cette propriété-là, propriété de « courir », théïn, pour les dénommer « dieux » théoï ; prenant pour la suite connaissance de tous les autres dieux, ils les désignent dès lors de ce nom. Y a t-il à mon langage quelque air de vérité, ou bien pas du tout ?
Hermogène : Mais oui ! tout à fait l’air.
(traduction Léon Robin, Bibliothèque de La Pléiade, nrf 1950)
Il est affligeant de rencontrer ce mot inadapté dans des écrits, ou encore de l’entendre dans des conférences de supposés érudits, lorsqu’il est sensé traduire des concepts métaphysiques dont les auteurs du texte original ont scrupuleusement choisi les termes, porteurs dans leurs lettres d’informations et de significations symboliques.

Quelle image infantile évoque ce mot de nos jours ?
Celle d’un papy caractériel vautré sur un nuage, celle que les peintres de la Renaissance ont « immortalisée » (lol !) en ce qu’Einstein appelait « le Vieux ». A ce propos voici l’origine de la phrase « Dieu ne joue pas aux dés » attribuée au savant :
« La mécanique quantique force le respect. Mais une petite voix me dit que ce n’est pas encore avéré. La théorie rend compte de beaucoup de choses mais ne nous rapproche pas vraiment des secrets du Vieux. En tout cas, je suis convaincu que lui ne joue pas aux dés. »
(lettre à Max Born du 4/12/1926)

Dans la tradition du judaïsme il est convenu de ne pas retranscrire ni prononcer les différents noms et qualificatifs attribués au principe suprême tel qu’ils sont écrits dans le texte. A l’origine cette précaution ne concernait que le Tétragramme par respect et crainte d’une destruction du document sur lequel les quatre lettres étaient mentionnées. Ensuite cette précaution a été étendue à d’autres mots.
Le comble du ridicule est atteint par de zélés et pieux traducteurs qui, déjà fautifs d’une erreur de transmission, écrivent D.ieu lorsqu’ils rencontrent une de ces abstractions verbales dans un texte.
Leur travail est souvent précieux et inestimable pour ceux qui n’ont pas accès à l’original, mais par pitié qu’ils arrêtent de se ridiculiser face à l’espace-temps éternel. Traduire le Tétragramme, ses abréviations et ses noms de substitution comme « le rocher » ou « le lieu » par un mot aussi galvaudé, c’est l’abaisser au niveau d’un Jupiter (exploits amoureux compris pour certains).


Voyons quels sont les termes intraduisibles du « TaNaKh » (Bible) que des traducteurs conditionnés par 2000 ans de crétinisme rendent par Dieu :
אל :
Al prononcé El, le nom le plus souvent traduit par Dieu par commodité.
Ce nom est composé des lettres aleph et lamed. Aleph, c’est le Un et lamed a le sens de transmission et d’enseignement.
Sa valeur numérique est 31.
31 est un nombre premier dont la valeur triangulaire est 496, nombre parfait.
496 est la valeur du mot מלכות, Malkhouth, le Royaume, nom de la dixième séphirah, symbole de la spiritualité dans la matière.
496 est le résultat numérique des équations résolues en 1984 par John Schwartz et Michael Green, résultat qui laisse espérer l’unification des quatre forces de la matière, théorie des cordes ou non.

 אלהים
Elohim. Edouard Dhorme dans sa traduction publiée par la Bibliothèque de La Pléiade a respecté ce nom intraduisible dans le contexte du monothéisme puisqu’il s’agit d’un pluriel. C’est à ce principe qu’est attribué la création de l’homme « à notre image comme à notre ressemblance », c’est à dire mâle et femelle, peut-être une allusion à la force électromagnétique dans la formation de la matière…
La valeur de ce nom est 86, et 86 multiplié par 26 valeur des quatre lettres composant le Tétragramme, est égal à 2236, autant dire √5 en oubliant la virgule….



אדני
 Adonaï, c’est le Kurios des Grecs et le Lord des anglophones, Ce sont les voyelles de ce nom qui placées sous les quatre lettres du Tétragramme ont donné naissance à l’inénarrable Jéhovah…
La valeur de ce nom est 65.
652 = 4225, et sa triangulaire est 2145.
4225 + 2145 = 6370, c’est à dire 637 x 10.
637 = 611 + 26.
31 + 86 + 65 = 182, valeur du nom YÂQoB, et 26 x 7.

שדי :
Shadaï, valeur 314… sans commentaire
314 + 86 = 400 valeur de ת, TaV, la dernière lettre de l’alphabet.
314 + 26 = 340, valeur du mot שם, SheM, nom. HaSheM, le Nom, est une expression de substitution du Tétragramme.
314 + 182 = 496


 אהיה
AheYeH, (Je serai et non je suis)
Valeur du mot : 21
212 = 441 ; triangulaire de 21 = 231
441 est la valeur du mot AMeTH, vérité
441 + 231 = 672, nombre tri-parfait.
21 + 26 + 31 + 65 = 143
En valeur pleine des lettres qui le composent, le mot  AheYeH égale :
111 + 6 + 20 + 6 = 143
143 comme 637 et 231 figurent dans les coefficients de polynômes indispensables en mécanique quantique.

אהיה אשר אהיה
Expression intraduisible citée en Exode 3 :14, rendue dans le meilleur des cas par « Je serai ce que je serai » et dans le pire par « je suis ce que je suis », a pour valeur totale :
21 + 501 + 21 = 543
31 + 86 + 65 + 314 + 21 + 26 = 543
La somme des quatre diviseurs de 543 (1+3+181+543) est égale à 728 (26×28)

5436, c’est la valeur du nombre 207 en base 6.
207 est la valeur du mot אור, lumière, mais surtout celle de אין סופ.
אין סופ : 61 + 146 = 207, Eyn Soph, c’est l’Inconnaissable absolu


Pour conclure

Henri Atlan, biologiste et philosophe, professeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales ainsi qu’aux facultés de médecine de l’université de Paris et de Jérusalem, précise dans « Les étincelles du hasard » :

Il est temps, en effet, de rappeler qu’il n’existe pas non plus en hébreu, comme pour le mot personna, de traduction littérale du mot Deus ; pas de mot hébreu dont la signification serait celle de Theos grec ou de Deus latin, ni, a fortiori, de Dieu, God, etc., des langues occidentales modernes.

Il est remarquable que les commentaires rabbiniques plus tardifs aient établi une identité, ou plus exactement une égalité puisqu’il s’agit d’égalité par guematria – par la somme des valeurs numériques de leurs lettres respectives -, entre hateva’, - «la nature», et elohim, « dieux ».

Ce qu’on pourrait appeler le monisme juif de l’infini est caractérisé par l’absence de notion de Dieu ; ce qui permet d’emprunter donc librement toute notion qui peut être utile pour parler de nos expériences, mêmes les plus subtiles et les plus élevées, sans pourtant tomber dans le risque mortifère des idolâtries.
(Les étincelles du hasard, tome II ; La librairie du XXe siècle, Editions du Seuil, 1999)








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